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LE TRAVAIL EMOTIONNEL

Comprendre le travail émotionnel et ses effets néfastes

On pourrait penser que l’expression “travail émotionnel” consiste à agir sur ses ressentis, donc savoir les gérer, les réguler ses émotions. Mais ce n’est pas le cas ! Alors qu’est-ce que le travail émotionnel ? Et quels en sont les conséquences ?

Que signifie “travail émotionnel” ?

Expression utilisée depuis les années 1980, le travail émotionnel désigne initialement un métier où on exprime de manière intentionnelle certaines émotions.

Exemples de travail émotionnel : le commerçant ou le stewart qui gardent toujours le sourire. Le médecin qui surjoue la compassion. L’avocat plaidant affichant sa colère et son indignation. Ou encore la sympathie ou l’agressivité du “bon ou mauvais flic”

Depuis, le terme “travail émotionnel” a été étendu à la sphère personnelle. Il exprime alors un schéma comportemental qui vise à feindre délibérément l’expression de ses ressentis pour conserver une apparence de “normalité”.

Le travail émotionnel est le fait de modifier l’apparence de ses émotions malgré ce qu’on ressent; d’afficher des émotions contraires à ce que l’on ressent pour se conformer aux attentes de l’entourage.

Emma, auteure de La charge émotionnelle et autres trucs invisibles.

≠ Racket émotionnel

Le racket émotionnel exprime également un schéma comportemental visant à modifier l’expression de ses émotions. A la différence du travail émotionnel, les émotions racket sont utilisées en vue de manipuler les autres et les faire changer de comportement.

Comment feindre ses émotions ?

Pour “travailler” sur ses émotions, on joue sur l’intensité, la durée et la variété des émotions à ressentir. Ainsi nous allons afficher de la joie alors que nous ressentons de la colère ou que nous sommes dans un état émotionnel neutre. Nous nous forçons à faire croire à notre entourage que tout va bien alors qu’en nous cela bouillonne !

De manière générale, en entreprise, ce travail émotionnel consiste à réfréner ses émotions, les contenir. Nous exprimons alors exprimer une émotion neutre ou de contentement quasi permanente. Notre objectif : se conformer à ce que l’on attend de nous : être discret, heureux, social, empathique, bienveillant …

Nous tentons ainsi d’être “émo-friendly” et d’afficher un “sourire de convenance” en toutes circonstances.

Afficher ses sentiments en vue d’obtenir un résultat précis ou garder ses émotions pour soi a certes des effets bénéfiques : un sentiment d’avoir accompli son devoir, une image sociale préservée. Mais cette simulation engendre également des effets négatifs.

Les conséquences nocives du travail émotionnel

Cet effort de justesse, comparable à une vraie performance d’acteur, est intense et épuisant. Ne fais pas un métier émotionnel qui veut.

Christophe HAAG et Jacques SEGUELA

Génération Q.E (Quotient émotionnel), p. 70, 2009, Editions Pearson

Fatigue et épuisement

Le travail émotionnel crée une dissonance entre l’émotion “jouée” et l’émotion ressentie, qui peut s’avérer effectivement usante. D’ailleurs, pour le personnel en contact avec la clientèle, certaines études soutiennent que la durée des interactions avec les clients est positivement corrélée avec l’épuisement professionnel (1)

Problème de santé physique et mentale

Selon diverses études, contenir ses émotions implique divers maux liés à l’implosion émotionnelle : migraine, tendance aux addictions, troubles du sommeil, auto-dévalorisation, … (2)

Mal-être

Une émotion nous indique toujours qu’un ou plusieurs de nos besoins fondamentaux (sécurité, reconnaissance, appartenance…) ne sont pas comblés. Tenter de contenir ses émotions – en exerçant un travail émotionnel – revient à nier le signal d’alarme transmis par nos émotions.

Or l’évitement émotionnel est toujours voué à l’échec. En effet, le signal d’alerte ne fera que revenir et s’amplifier. Ainsi, l’insatisfaction de nos besoins va à la longue vous conduire à un mal-être profond.

Si, par inadvertance ou négligence, nous ignorons le signal d’alarme émis par nos émotions, il s’amplifiera et se modifiera pour attirer notre attention. N’oublions pas que si ce système a pu assurer notre survie, c’est parce qu’il se montre intraitable. Il ne peut être réduit au silence oui ignoré. Si nous ne nous préoccupons pas de nos besoins, nos besoins s’occuperont de nous.

Ilios KOTSOU
Intelligence émotionnelle et management : Comprendre et utiliser la force des émotions (Manager RH), Editions Boeck Supérieur

En résumé

Le travail émotionnel consiste à feindre ses émotions ou les contenir volontairement en vue d’afficher une apparence socialement acceptable. Ce schéma comportemental engendre des conséquences néfastes : épuisement, problèmes de santé, mal-être. Pour être intelligent émotionnellement, il ne s’agit pas de savoir contrôler ses ressentis émotionnels mais savoir les réguler !

Sources et références de l’article

(1) Cairn info – Quand l’environnement relationnel contribue à la compréhension du burnout – Chantal Fuhrer, Virginie Moisson-Duthoit, Alain Cucchi

(2) Daniel Goleman, L’intelligence émotionnelle, Editions J’ai lu, p. 604