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Comment bien décider en entreprise ?

Développez votre capacité à prendre des décisions éclairées

Lancer un nouveau produit, recruter un nouveau collaborateur ou encore choisir un prestataire… nos décisions deviennent plus nombreuses et plus complexes. En effet, la numérisation et la globalisation de nos activités augmentent les informations à collecter et les possibilités de choix et encouragent également à commettre des erreurs de jugement : les biais cognitifs. Dans ce nouvel contexte professionnel, il est captivant de réfléchir à la façon optimale de prendre des décisions éclairées. Décider avec assurance et intelligence est un art qui peut être maîtrisé. Préparez-vous à perfectionner votre processus décisionnel et savoir contrer vos erreurs de pensée pour ouvrir la voie vers des choix plus judicieux.

Les 3 types de décisions

Décider, du verbe latin « decidere » signifiant « trancher », revient à effectuer un choix entre plusieurs solutions susceptibles de résoudre un problème. Selon l’enjeu et le risque pris, que la décision soit individuelle (prise par une seule personne) ou collective (prise par une équipe), nous pouvons distinguer 3 types de décisions en entreprise :

Décisions stratégiques

Les décisions stratégiques concernent les orientations générales de l’entreprise. Elles sont à fort enjeu et fort risque.

Exemples : lancement ou abandon d’un produit, fusion avec une autre entreprise, déménagement …

Décisions tactiques

Les décisions tactiques sont souvent le résultat de la démultiplication des décisions stratégiques. Elles sont prises par le personnel d’encadrement de l’entreprise. Elles sont de moyenne importance et un risque moyen. 

Exemples : élaboration d’une campagne publicitaire, sécurisation des données informatiques, recrutement d’un cadre dirigeant…

Décisions opérationnelles

Les décisions opérationnelles concernent les décisions quotidiennes prises par l’ensemble des membres de l’entreprise. Leur importance et leur risque sont limités.

Exemples : choix d’un prestataire, achat de fournitures de bureau…

Le processus d’une bonne décision

Stratégique, tactique ou opérationnelle, pour prendre une bonne décision, il faut respecter 4 étapes fondamentales :

1- FORMALISER

Tout d’abord, décrivez la situation actuelle et la situation souhaitée. Quel est le problème ? Quelles sont les besoins et attentes ? Quel objectif à atteindre ? Pour savoir définir un objectif, découvrez la technique PPREM.

Puis définissez les critères de choix, à savoir les éléments qui permettront d’obtenir la meilleure solution pour atteindre l’objectif.

Précaution à prendre : respecter toujours cette étape de formalisation. Elle évite de perdre du temps et de l’énergie pour la suite du processus de décision.

Exemple : Vous devez choisir un prestataire pour vous aider à réaliser votre communication externe. En premier lieu, vous réalisez un cahier des charges listant l’ensemble des actions à mener par l’agence de communication : refonte du site web, réseaux sociaux, relation presse, … Puis vous déterminez les divers critères qui vous permettront de sélectionner ce prestataire : prix, relationnel, réactivité, expertise dans votre secteur d’activité, références clients, localisation, labellisations, certifications, …

2- COLLECTER

Récoltez les informations pertinentes à la prise de décision : rassembler les données nécessaires, trouver les solutions éprouvées, demander l’avis d’experts et celui des personnes concernées … Cette “collecte” permet de préciser les critères de choix et de définir les différentes options envisageables pour atteindre l’objectif précédemment défini.

Précautions à prendre : Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une véritable infobésité, une surabondance d’informations. Il devient donc essentiel de canaliser cette avalanche : se fixer des objectifs précis et un temps déterminé à cette collecte, veiller à la fiabilité des informations recueillies.

Exemple : la seconde étape d’un bon processus de décision consiste à rechercher l’ensemble des entreprises qui peuvent correspondre à vos critères de choix.

3- ANALYSER

Comparez les avantages et inconvénients de chaque option envisagée : Quelle l’option répond le mieux aux critères de choix ? Quelles conséquences positives ou négatives à long terme ? Ce questionnement vous aide à visualiser clairement les implications de chaque décision potentielle.

Pour réaliser cette analyse, certains experts invitent à pondérer chaque critère de choix d’un coefficient (1, 2, 3…) selon l’importance du critère. Cette méthode, appelée matrice de décision, n’est pas adaptée à toutes les types de décision et peut s’avérer très chronophage.

Concernant les décisions stratégiques, pour affiner son analyse, il est recommandé de réaliser une matrice FFOM (Forces et Faiblesses / Opportunités et Menaces) pour chaque option.

Exemple : vous sélectionnez et comparez 3 prestataires selon votre cahier des charges. Vous pourrez choisir de les tester sur un seul dossier, comme la réalisation d’une première ébauche de votre site web ou de posts sur les réseaux sociaux sur un de vos produits pendant un trimestre.

4- CHOISIR

Dernière étape : choisissez la solution la plus susceptible de résoudre votre problème et assumez votre décision.

Le psychologue Barry Schwartz dans sa fameuse conférence TED Le Paradoxe du Choix explique que face aux possibilités infinies qui s’offrent à nous, la plus grande difficulté est de faire des choix. Nous regardons toujours l’option que nous aurions dû prendre… Rien de tel pour créer désengagement et démotivation ! Alors, acceptez la responsabilité de votre choix et soyez prêt à en supporter les conséquences, qu’elles soient positives ou négatives.

Enfin, réalisez un plan d’actions : les actions à mener, les délais, les acteurs et bien entendu les indicateurs de réussite : Que faut-il faire pour mettre en oeuvre notre choix ? A quoi saurons-nous que nous avons atteint le résultat escompté ?

Exemple : Vous choisissez le prestataire et mettez en place des indicateurs pour mesurer sa performance (évolution trafic du site web, engagement de la communauté sur les réseaux sociaux, taux de notoriété, taux de confiance, …).

Respecter ces 4 étapes ne suffit pas

Suivre ce processus de décision est une condition sine qua non pour bien décider mais cela ne suffit pas !

En effet, que ce soit pour évaluer une situation (étape 1) ou pour étudier les diverses perspectives (étapes 2 et 3) ou encore choisir (étape 4), nous sommes sous l’influence d’erreurs de pensées que nous devons apprendre à contrer. 

Comment contrer les biais cognitifs pour bien décider ?

Les 4 biais cognitifs qui influencent nos décisions au travail

Un biais cognitif est une erreur de pensée inconsciente qui nous empêche d’adopter un raisonnement logique et rationnel. Le codex des biais cognitifs recense une centaine de biais. Selon moi, 4 principaux biais entrent en jeu dans toutes nos décisions en entreprise :

L’effet de groupe

Le biais d’effet de groupe (ou biais de conformisme) explique que

« Nous suivons l’avis du groupe et notamment de celui qui a parlé en premier, surtout si c’est notre chef ! »

En d’autres termes, nous avons des difficultés à contredire quelqu’un quand nous sommes en groupe – comme en réunion d’équipe ou en comité de direction. Ce mécanisme comportemental est expliqué par la peur inconsciente d’être rejeté par le groupe en cas de désaccord avec ce dernier.

L’excès de confiance

Ce biais cognitif met en exergue que

« Nous avons tendance à surestimer nos compétences et réussites, nous sommes en excès de confiance. »

Comme l’explique Olivier SIBONY, professeur en stratégie à HEC dans sa conférence HEC Alumni Comment éviter les biais cognitifs pour prendre la bonne décision ? : 90% des personnes estiment qu’ils sont meilleurs conducteurs que la moyenne. 90% des enseignants considèrent qu’ils sont meilleurs que la moyenne. 90% des entrepreneurs sont certains que leur entreprise va réussir.

Nous avons toujours tendance à manquer de réalisme et à enjoliver nos compétences et réussites. Ce biais influence notamment les étapes 1 et 3 du processus de décision : l’évaluation des situations initiale et souhaitée ainsi que l’étude des diverses alternatives.

Le biais d’ancrage

Le biais d’ancrage ou biais de point de départ explique que

« Nous surévaluons la première information reçue ». 

Par exemple, si on demande “Combien mesure une baleine ?” en moyenne les réponses sont “30 mètres”. Par contre, si une première question est “une baleine mesure-t-elle 49 mètres ?”. Les réponses seront en moyenne de 60m, le double ! Bluffant ! (Source : Vidéo “L’effet d’ancrage” – Science étonnante)

Ce biais d’ancrage modifie la formalisation de la décision (les questions à se poser en étape 1), la collecte d’informations (étape 2) et l’analyse des différentes options de choix (étape 3)

Le biais de confirmation

Enfin, voici un biais qui influence terriblement nos comportements et donc nos décisions : le biais de confirmation.

« Nous avons tendance à rechercher en priorité les informations qui confirment sa manière de penser. » 

On dit communément que “nous voyons ce que nous croyons”. Par exemple, persuadé que l’entreprise Béta est la meilleure agence de communication qui soit, nous aurons tendance à voir uniquement les preuves de cette certitude et notre décision sera d’emblée biaisée !

Le biais de confirmation influence tout le processus de décision : de la formalisation au choix définitif.

Les bonnes pratiques pour éviter les biais cognitifs

Pour optimiser nos décisions, les experts conseillent de construire notre propre système de décision en intégrant des « bonnes pratiques » adaptées à notre situation et qui contrent nos erreurs de raisonnement.

Demander l’avis aux autres

Confronter son avis à celui des autres permet d’explorer des options supplémentaires, de changer de perspective et de contrer nos erreurs d’analyse. C’est pourquoi, tous les experts conseillent pour toutes nos décisions individuelles à fort enjeu de demander l’avis à quelqu’un d’autreQuel choix prendrais-tu dans la même situation ? Es-tu pour ou contre cette solution et pourquoi ?

« Les autres ont aussi des biais cognitifs mais pas les mêmes que vous. Donc en croisant vos impressions vous allez améliorer vos prises de décisions. », Bernard ANSELEM, neuro-scientifique, Vidéo Émotions et prise de décision, MSH Alpes.

Contrer l’effet de groupe

La plupart des décisions en entreprise sont prises en réunion suite à l’intervention d’un expert ou chef de projet (DRH, DAF, DirCom…). Et chacun donne son avis à tour de rôle devant les autres. Or, comme nous venons de l’évoquer, à cause du biais d’effet de groupe, nous nous conformons quasi-systématiquement à l’avis du premier qui s’exprime. Face à ce comportement “moutonnier”, nous nous rendons compte que les décisions en entreprise sont très souvent faussées !

Pour lutter contre l’effet de groupe, l’expert en prise de décision Olivier SIBONY invite à laisser s’exprimer les désaccords systématiquement. Il propose par exemple de « constituer 2 équipes : une qui défend une option, l’autre qui la contredit. » Débattre de manière ouverte et bienveillante de diverses voies permet de détecter des contraintes ou conséquences néfastes.

Une autre bonne technique pour contrer le biais de conformisme serait d’intégrer un vote pour choisir la meilleure option pour décider de manière simultanée et anonyme. Vous pouvez opter pour un vote sur papier ou choisir une des nombreuses applications qui permettent d’intégrer cette nouvelle façon de décider facilement et gratuitement (Voxvote, Voxaly, Vévox…). Puis, invitez l’équipe à débattre des diverses options sélectionnées.

Lutter contre l’excès de confiance

Pour lutter contre cette surestimation de nos propres capacités, il est recommandé de lister tout ce qui peut aller à l’encontre du choix envisagé. En quoi cette solution n’est pas une bonne idée ? En quoi avons-nous tort ? 

L’idée est de rechercher de manière approfondie tout ce qui pourrait contrecarrer la solution envisagée. Laisser s’exprimer toutes celles et ceux qui ne sont pas en accord avec l’option choisie – comme évoqué précédemment – peut justement réduire l’effet de cet excès de confiance.

Lutter contre le biais d’ancrage

A cause du biais d’ancrage, nous sommes influencés par les premières informations qu’on reçoit. Nous pouvons contrer ce biais aux 2 premières étapes du processus de décisions :

  • Etape 1 – Formaliser : veiller à la manière dont est posé le problème à résoudre. Gardez à l’esprit qu’une réponse dépend souvent de la manière dont la question est posée.
  • Etape 2 – Collecte : Prenez conscience de ce biais et ne retenez pas davantage une information parce que vous l’avez reçue en premier. Retenez uniquement les informations fiables et utiles. Hiérarchisez les informations en fonction de leur importance par rapport à la décision à prendre.
  • Etape 3 – Analyse : Veillez à transmettre l’ensemble des informations nécessaires à toutes les personnes impliquées dans la prise de décision. Chaque décideur doit avoir le “même niveau d’information”. Dans le cas inverse, leurs décisions seront biaisées par les informations qu’ils détiennent ou qu’ils ne détiennent pas.

Lutter contre le biais de confirmation

Pour lutter contre le biais de confirmation (nous avons tendance à confirmer nos certitudes), nous devons sortir de nos schémas cognitifs habituels et doncremettre en question notre perception. Olivier SIBONY nous invite à prendre du recul par rapport de la décision en se posant les bonnes questions :

  • Par exemple, (cas d’un investissement financier), nous pourrions nous projeter dans le futur, dans 10 ans, et envisager un scénario où cette acquisition s’est révélée être un échec retentissant. Ensuite, nous pourrions dresser une liste des cinq raisons principales qui ont conduit à cet échec.
  • D’un autre côté, nous pourrions également nous projeter dans le même horizon temporel, dans 10 ans, et nous demander ce qui se passerait si nous ne prenions pas cette décision. Quelles conséquences sur notre situation financière et nos objectifs ?

En résumé

Toute bonne décision doit suivre 4 étapes : 

  1. Formaliser : définir l’objectif à atteindre et les critères de choix
  2. Collecter les informations fiables et utiles
  3. Analyser les différentes alternatives
  4. Choisir, assumer et s’engager.

Mais lors de ce processus décisionnel, nous sommes inconsciemment sous l’influence de biais cognitifs qui nous éloignent d’un raisonnement probant. Alors, pour prendre des décisions éclairées, les experts recommandent de mettre en place un système de décision propre à notre équipe en intégrant des bonnes pratiques qui contrent nos erreurs de jugement :

  • Demander l’avis aux autres pour une décision individuelle
  • Laisser exprimer systématiquement les désaccords
  • Chercher tout ce qui peut contredire notre décision
  • Réaliser un vote anonyme puis débattre du résultat
  • Veiller à la formalisation des questions à se poser pour résoudre le problème
  • Sélectionner et hiérarchises les informations nécessaires à la prise de décision
  • Diffuser les mêmes informations de la même manière à tous les décideurs
  • Sortir des schémas cognitifs habituels (en simulant différents scénarios)
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Comment éviter les biais cognitifs pour bien décider en entreprise ?